Hier soir, droits dans leurs bottes, les « socialistes » n’ont rien
trouvé de mieux à faire que d’organiser un meeting intitulé « Face aux
régressions de la droite sénatoriale, défendons le progrès social », en
présence de Manuel Valls et Myriam El Khomri notamment. Quelle
riche idée. Les copains « républicains », eux, ont déjà lancé la
campagne, alors il ne s’agirait pas de prendre trop de retard ! Bouclons
le quartier, invitons des journalistes triés sur le volet, et
repoussons n’importe qui d’autre cherchant à s'approcher. Ce qui se passera
dehors n’apparaitra pas dans la presse, alors quelle importance ? Qui
s’intéresse au fait que, certainement pour la première fois dans son
histoire, le parti doive s’enfermer dans un bunker pour pouvoir se
réunir, sous la houlette d’un secrétaire général qui n’a même pas été
élu par ses propres militants ? Après tout, il y a encore quelques
semaines et en toute impunité, les forces de l’ordre gazaient devant
l’Assemblée Nationale des manifestants réclamant le vote des élus du
peuple sur une loi impopulaire. Il est vrai qu'on n’est plus à ça près.
Ainsi dans cette rue du 12ème arrondissement de Paris il y avait encore
de quoi faire côté symbole. La foule réunie pour l’occasion était
bloquée dans le « Bercy Village », cet endroit si pittoresque censé
imiter les ruelles pavées de nos chères campagnes, avec ses petits
magasins (Fnac, Club Med, Sephora…), ses terrasses de troquets
(Hippopotamus, Indiana Café…), et son cinéma de quartier (un multiplex
UGC de 18 salles). A quelques pas, se trouve la salle autrefois connue
sous le nom de Paris Bercy, qui s’appelle désormais « Accord Hotel Arena
» suite à un deal de « naming » avec le premier groupe hôtelier
européen (1540 hôtels dans le monde).
Postés sous la Société Générale,
les forces de l’ordre n’ont bien entendu pas hésité à gazer quand la
foule a commencé à scander qu’elle allait passer. Pour s’extraire du
barrage policier et de ce parc à thème de la consommation, ne restait
alors plus qu’à prendre la route vers le périphérique. Le cortège
improvisé s’est alors engagé dans une traversée de l’est parisien,
passant entre les voitures, évitant de justesse ceux qui accéléraient de
colère. Il n’y aura pas d’accident. C’est certainement ce qui
expliquera l’absence de sujet sur BFM TV, malgré la présence d’un
caméraman de la chaîne.
Quelques heures plus tard, au petit matin, des
manifestants occupaient le marché de Rungis, tandis que dans les beaux
quartiers du centre, les poubelles s’accumulaient encore plus suite à la
reconduction de la grève des éboueurs. Après avoir investi les locaux
du MEDEF, les intermittents du spectacle promettent de nouvelles
actions. Loïc Canitrot, l’un des fondateurs de Nuit Debout, passera en
procès en août pour cette occupation. « Mais qu’est ce que tout ça a à
voir avec la loi travail ? » s’égosille la classe politique qui n'a
d'yeux que pour le concert de David Guetta sur le champ de mars de ce
soir. Réponse : l’origine du mouvement, et la convergence des
dénonciations d’une société néolibérale reposant sur la précarité des
travailleurs. Pire encore, l’usurpation assumée de termes comme « gauche
» et « progrès social », et le chantage bien sûr : « la grève c'est le
chômage », « la grève, c'est le FN »… Je propose donc une autre question
: Qu’a révélé le passage en force de la loi travail sur la gouvernance
au sein de notre République ?
Allez bon anniversaire. Hier, nous étions le 100 mars.
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