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Vers l'Assemblée Nationale

J'ai souvent évoqué l'évolution des regards au fil des manifestations de ces dernières semaines. Mais cette évolution ne m'a jamais paru aussi évidente qu'hier, 12 Mai 2016. Je crois que cet album photo vient en témoigner.







Prendre ces photos m'a permis de m'interroger sur ce que ces yeux voient : de quoi s'agit-il pour qu'ils se durcissent tant chez certains, s'assombrissent, ou s'éclairent chez d'autres ? On nous ensevelit de chiffres sous forme de pourcentages et de courbes à propos des mobilisations, des incidents, du nombre de blessés, de votants, mais aussi à propos du chômage et des intentions de vote, mais ce n'est bien entendu pas de cela dont il s'agit. On subit des commentaires de journalistes, des analyses de spécialistes, des petites phrases de politiciens, des citations opportunistes, mais ce n'est pas plus de cela dont il est question. Quand on descend dans la rue, en ce moment, on assiste à une scission. Elle ne date pas d'hier bien sûr, mais une fois encore et de manière certainement plus évidente, elle se révèle au grand jour. Elle peut prendre des formes très diverses, certainement autant de formes que de paires d'yeux pour la voir, mais elle s'impose, partout. Peut-être peut-on la résumer à ce qui sépare ce qui est légitime de ce qui ne l'est pas.








J'ai entendu quelqu'un hier parler de la question de la légitimité, et de la différence fondamentale entre cette notion et celle de la légalité. Il s'agit, selon le Larousse de la "qualité de ce qui est équitable, fondé en justice", ainsi que de la "qualité d'un pouvoir d'être conforme aux croyances des gouvernés quant à ses origines et à ses formes". Rien à voir non plus avec une question de majorité, contrairement à un raisonnement communément répandu. La légitimité est quelque chose qui commence avec l'individu, et le rapport qu'il entretient avec ce qu'il croit, ce qu'il voit, ce qu'il fait.





J'ai l'impression que beaucoup s'éveillent à cette notion en ce moment, quelle que soit la forme de cette prise de conscience. Car elle peut être positive : "ce que je suis en train de faire est légitime, je le sens", ou négative. Elle peut aussi s'appliquer à ce que l'on observe : "ce qu'ils sont en train de faire est légitime, ou ne l'est pas". Elle peut enfin être contradictoire : "ce que je fais est légitime, et tout est fait pour m'ôter cette légitimité". Peut être est-ce là ce qui se joue de plus important en ce mois de Mai 2016, car, comme on peut le lire sur la pancarte d'une manifestante, "on ne peut plus dormir tranquille lorsqu'on a, une fois, ouvert les yeux".






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