"Je constate, nous constatons, une alliance des contraires, une alliance des conservatismes et des immobilismes. (...) Cette alliance, c'est celle de ceux qui ne veulent rien changer et qui au fond se satisfont du marché du travail tel qu'il est. (...) C'est pourquoi, monsieur le président, mesdames et messieurs les
députés, en application de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution,
notre Constitution qui est la règle que le peuple français s'est donné à
lui-même, j'ai donc décidé après la délibération du conseil des
ministres du 10 mai d'engager la responsabilité du gouvernement..."
J'imagine que l'alliance des conservatismes et des immobilismes que Manuel Valls évoque s'oppose à la Belle Alliance Populaire que le PS s'apprêtait à célébrer dans son Université d'été, avant de finalement l'annuler de peur que le peuple ne viennent y manifester son mécontentement. Ce mot, alliance, n'est pas choisi au hasard : le Premier Ministre cherche à livrer une lecture clé en main de la situation, celle d'un duel opposant deux "alliances". Il y a celle du progrès, et celle qui ne veut rien changer. Pas de nuance, c'est simple. Il y a le PS, et il y a tous les autres. Le plan de communication est en marche. La "gauche" de Valls, qui est celle qui a surgi du virage vers l'austérité de 1983 (année de ma naissance, je vous jure j'y suis pour rien), incarnée notamment par Michel Rocard, son maître à penser, cherche désormais à se couper définitivement de son histoire. Jusqu'en 2012, il s'agissait encore de faire quelques concessions à des idées qui pouvaient gêner le libéralisme, d'essayer de montrer qu'on croyait encore que le marché ne pouvait tout régir. Mais cette page se tourne, et après la "droite décomplexée" de Sarkozy, nous voici avec "la gauche de droite décomplexée" de Valls.