Ce jeudi-là il y avait des manifestations dans plusieurs villes de France. La presse évoquait un « clap de fin », proposait un résumé du « feuilleton de la loi travail » pour nous remettre un peu à jour. Quand nous ne sommes pas des chiffres, nous voilà donc personnages de fiction. Heureusement pour nos journalistes-scénaristes, il y a eu du spectacle. Grenades lacrymos contre bombes incendiaires. Matraques contre pavés. Un policier prend feu, un syndicaliste perd un œil. De quoi alimenter les « lives actus » jusqu’à la vraie news politique de la journée, le passage de Nicolas Sarkozy sur France 2.
Cette journée avait quelque chose de funéraire, mais je ne suis pas bien sûr de ce qu’on enterrait. Il y avait des hommages à des idéaux, à des personnes, à une certaine vision de la République aussi. Un deuil s'entame. On accepte que quelque chose est mort. Et les charognards déchiquettent les restes qui leurs sont jetés sur les plateaux télé.
Un CRS s'adresse à une femme à côté de moi. Il semble lui aussi, considérer à sa manière que quelque chose s'est achevé. Il peut désormais envisager l'avenir différemment.
« - Madame, les
gens qui sont sur cette place, ce sont bien ceux qui ont mis le gouvernement
actuel non ?
- Oui sûrement et alors ?
- Et bien la prochaine fois, s’ils veulent éviter que ce
soit le bordel, ils voteront autrement. »
"Autrement". Je redoute cet "autrement" là.
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